REMARQUES D'OUVERTURE DU DIRECTEUR EXECUTIF DU PNUE

Mise à jour le 31 janvier 2014

 

Monsieur le Premier Ministre Thaksin Shinawatra, Monsieur le Ministre des ressources naturelles et de l'environnement Suwit Khunkitti, Excellences, distingués délégués, Mesdames et Messieurs,
C'est un grand honneur pour moi d'être ici, avec vous, à Bangkok pour cette 13e session de la Conférence des Parties à la CITES. La Thaïlande est un hôte idéal pour cette importante conférence sur l'environnement et avec sa riche biodiversité et son dynamisme économique, peut jouer un rôle régional et mondial éminent en faveur du commerce durable de la faune et de la flore sauvages. Je salue les efforts déployés par la Thaïlande pour collaborer avec ses partenaires de l'ANASE en vue de renforcer la réglementation du commerce des espèces sauvages et avec le secteur privé et les organisations non gouvernementales dans le contexte de la nouvelle Thailand Conservation Alliance. J'ai la conviction que vos débats des deux prochaines semaines profiteront des conditions excellentes qui nous ont été réservées et de l'accueil chaleureux de la population thaïlandaise.
 
De nombreuses raisons expliquent pourquoi, sur le calendrier international de l'environnement, les conférences de la CITES apparaissent comme des événements aussi importants. La CITES suscite beaucoup d'enthousiasme, d'exaltation et d'attentes à travers le monde parce que c'est une convention pratique, qui a des effets positifs sur la faune et la flore sauvages, sur les communautés et sur les économies locales. Sa détermination à prendre des décisions fondées sur des données scientifiques, ses procédures rigoureuses de mise à jour des annexes et les efforts déployés par son Secrétariat pour obtenir la participation de toutes les parties prenantes, pour soutenir le renforcement des capacités, la lutte contre la fraude et d'autres aspects de l'application donnent à cette convention force et mordant. 
Mais surtout, la CITES est plus jeune et plus vigoureuse que jamais parce qu'elle est prête à évoluer avec le temps. Depuis 30 ans, la scène mondiale de l'environnement a changé au point de n'être presque plus reconnaissable mais vous, les Parties et les observateurs, faites en sorte que la CITES reste utile en s'adaptant aux nouveaux besoins et circonstances.
Le Sommet mondial pour le développement durable a confirmé que la diversité biologique est une ressource vitale pour le développement durable de l'humanité. La diversité des espèces et le bon état des écosystèmes sont des conditions nécessaires à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement relatifs à l'allégement de la pauvreté et à la durabilité environnementale. Or, pour conserver les ressources de la diversité biologique, il ne suffit pas de protéger des espèces vulnérables faisant l'objet de commerce, il faut aussi que tous les principaux secteurs économiques - je veux parler notamment de la foresterie, de la pêche, de l'agriculture, de la santé et du tourisme - tiennent compte de la gestion durable des ressources biologiques. Tel est le message des objectifs du Millénaire pour le développement, du SMDD et de l'approche par écosystème adoptée par la Convention sur la diversité biologique.
La CITES a pleinement conscience qu'il faut placer la conservation au centre des préoccupations et l'une des tendances actuelles les plus intéressantes est celle qui consiste à inscrire des essences et des espèces de poissons d'importance économique. J'y vois le signe que, pour les gouvernements, la dégradation des océans et des forêts a atteint de telles proportions que tous les mécanismes disponibles doivent être mobilisés pour y remédier. Et la CITES offre des moyens clairs et précis de dissuader l'exploitation non durable d'espèces vulnérables d'arbres et de poissons, entre autres, dont le seul prix pourrait signer l'arrêt de mort.
Certes, la CITES ne peut tout faire seule pour garantir la gestion durable des forêts et des populations de poissons. La solution viendra des partenariats et des actions concertées que je vois avec satisfaction émerger, avec l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture et l'Organisation internationale des bois tropicaux, par exemple. J'ai la conviction qu'ainsi la CITES pourra influencer fortement la situation et contribuer à rendre la santé à nos océans et à nos forêts.
En mettant l'accent sur les besoins des populations qui, pour leur subsistance, dépendent par exemple de la laine de vigogne où des peaux de crocodiles élevés en ferme, la CITES démontre les liens interdépendants entre les besoins de l'homme et la conservation des espèces sauvages. Certains de ces liens sont complexes et sources de défis pour la CITES. Je citerais, par exemple, le problème incessant de la consommation de viande de brousse, domaine où le commerce international s'efface devant les marchés locaux. En renforçant la protection accordée à nos parents les plus proches, les singes anthropoïdes, vous pouvez démontrer que ces animaux ont beaucoup plus de valeur vivants que morts. Avec l'UNESCO, le PNUE fait tout ce qu'il peut pour vous épauler, dans le cadre de notre projet intitulé Great Apes Survival Project, qui est le thème d'une activité parallèle à laquelle, je l'espère, vous assisterez la semaine prochaine.
L'attention prioritaire accordée à l'espèce est l'un des grands atouts de notre Convention. Je suis convaincu qu'il est essentiel que la CITES travaille aux côtés des autres conventions relatives à la diversité biologique, contribuant ainsi à la connaissance des espèces quand cela s'avère nécessaire, par exemple dans la mise en oeuvre de la Stratégie mondiale de la CBD pour la conservation des plantes. Le PNUE a eu le plaisir de soutenir, avec l'Allemagne et d'autres partenaires, une réunion d'experts sur la promotion de la coopération et des synergies CITES-CDB qui s'est déroulée à Vilm, Allemagne, au cours de cette année. Cette réunion, dont le rapport vous est soumis pour examen, a révélé diverses manières dont la CDB et la CITES peuvent et doivent se compléter dans la lutte contre la crise mondiale qui frappe la diversité biologique.
Lors de la mise en oeuvre de nouvelles mesures de conservation, nous devons aussi être préparés à montrer les progrès accomplis vers une réduction du taux de perte de diversité biologique. Toutes les Parties à la CDB se sont accordées sur la date butoir de 2010, qui a été confirmée par les nations lors du Sommet mondial de 2002 pour le développement durable; nous devrions alors savoir si nos activités ont été couronnées de succès. La CITES contribue clairement à cet objectif et bénéficierait probablement d'une reconnaissance de son rôle et d'une prise en compte plus explicite de cette contribution dans ses propres travaux et dans sa documentation.
L'approche par écosystème est à la base des travaux de la CDB. Elle signifie qu'il faut agir au niveau des paysages terrestres et marins, et reconnaître que les communautés humaines font partie intégrante de ces écosystèmes. Il peut être difficile de voir immédiatement comment une convention portant sur les espèces peut contribuer à cette approche. Je pense qu'il serait utile d'avoir des informations plus accessibles sur la répartition des espèces inscrites à la CITES dans les principales régions écologiques. Une telle analyse a débuté dans le cadre de la Convention pour la protection du patrimoine mondial et s'est avérée très utile. Les écosystèmes menacés et vulnérables ont besoin d'espèces qui leur servent de "porte-drapeau" pour leur avenir et cela, la CITES peut le leur fournir. 
Par exemple, le PNUE est profondément préoccupé par l'avenir des récifs coralliens de la planète et des populations qui en dépendent, que ce soit sous les tropiques ou dans les eaux froides. En collaboration avec nos partenaires du Réseau du PNUE d'action internationale pour les récifs coralliens et de nos Programmes sur les mers régionales, nous mettons en oeuvre un large éventail d'activités. Il existe certainement maintes occasions de tresser des liens plus explicites entre les espèces inscrites à la CITES et les communautés et écosystèmes menacés, afin de mieux comprendre leurs besoins.
Il est clair que le bon travail accompli par la CITES ou que l'on attend d'elle a un prix. La proposition de budget présentée par le Secrétariat mentionne une augmentation de 10 % pour que la Convention puisse continuer à assurer les services au niveau que, vous les Parties, attendez d'elle. Nous sommes bien conscients que la pression exercée sur les budgets gouvernementaux et que la concurrence pour les fonds mondiaux augmentent chaque année. Mais je sais que vous serez tous d'accord avec moi pour affirmer que la CITES et son Secrétariat assurent des services de grande qualité pour l'argent déboursé. La Vision stratégique que vous avez adoptée en 2000 souligne qu'il faut fournir à la Convention une base financière plus solide, plus prévisible et plus sûre, notamment un apport stable de ressources financières. Je vous exhorte à soutenir le budget de la CITES aussi généreusement que possible et à verser vos contributions en temps voulu. 
De notre côté, au PNUE, nous nous engageons à soutenir la CITES plus vigoureusement. Notre Centre mondial de surveillance continue de la conservation a joué un grand rôle dans la gestion de vos données et, au cours des derniers mois, a investi des ressources considérables afin de créer une nouvelle infrastructure de données électroniques pour la communauté CITES. Les Parties peuvent aujourd'hui avoir accès et analyser sur Internet des millions d'informations sur le commerce CITES. Le nombre de demandes de données a ainsi été multiplié au moins par dix et la réalisation d'un examen du commerce CITES au cours des 20 dernières années est aujourd'hui possible. Pour la première fois depuis la création de la CITES, nous pourrons avoir un panorama général de l'impact de la CITES sur la réglementation du commerce de faune et de flore sauvages.
Par ailleurs, la Division PNUE des conventions sur l'environnement s'efforce de promouvoir les synergies entre les diverses conventions portant sur la diversité biologique. Elle fournit également des services médiatiques et autres services de soutien. Notre Unité économie et commerce étudie les avantages et utilisations potentiels d'instruments économiques à des fins de conservation de la diversité biologique. En tant qu'organisation, le PNUE continue à s'engager à obtenir et garantir des améliorations régulières sur la manière dont nous administrons et servons le Secrétariat CITES.
Mesdames et Messieurs, pour tous ces motifs, il incombe à tous les pays et à toutes les nations du monde de se donner la main et de renforcer cette Convention. J'aimerais également exhorter les pays qui ne l'ont pas encore fait à ratifier cette Convention et les autres conventions portant sur la diversité biologique dans les plus brefs délais.
Sur ces derniers mots de soutien et d'encouragement, je vous souhaite une réunion productive et un séjour plaisant dans la belle ville de Bangkok.