Le projet Blue BioTrade dans les Caraïbes

Mise à jour le 01 juin 2022

Cette semaine, un nouveau train de mesures dans le cadre du projet Blue BioLe strombe geantTrade est à l’étude. Il vise à promouvoir un commerce légal et durable et à procurer des revenus aux populations locales du secteur de la pêche des Caraïbes orientales. Organisée sur l’île de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, une réunion sur deux jours examinera les résultats d’un projet de 18 mois destiné à évaluer le potentiel commercial des produits issus du dispositif Blue BioTrade [produits biologiques de la mer] dans trois pays des Caraïbes orientales (Grenade, Sainte-Lucie et Saint-Vincent-et-les-Grenadines) et de la pêche durable du strombe géant, une espèce locale emblématique.

Le strombe géant, ou lambi, est un mollusque très apprécié sur le plan gastronomique ; il est également utilisé à de nombreuses fins thérapeutiques et artisanales. Pendant de longues années, le prélèvement et le commerce de spécimens de l’espèce n’ont pas été correctement réglementés, ce qui entraîné une forte diminution de sa population dans toute son aire de répartition. Le projet Blue BioTrade aide les pêcheurs à travailler de manière plus durable, dans le respect des règles commerciales en vigueur, afin d’améliorer leurs revenus et de faire progresser l’économie locale. Ce projet est le fruit d’une collaboration entre l’Organisation des États de la Caraïbe orientale (OECO), la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Ces trois organisations ont lancé conjointement le projet Blue BioTrade dans le but de procurer aux petits producteurs des pays cibles de meilleurs revenus et de leur donner accès à de nouveaux marchés, tout en garantissant une gestion plus durable de l’espèce de strombe géant (Strombus gigas).

Lancé il y a un peu plus de 18 mois, ce projet a bénéficié de financements de l’Union européenne et de l’OECO. Il a donné lieu à la réalisation d’activités de recherche et à l’élaboration de solutions fondées sur des faits ; aujourd’hui, il s’accompagne d’un plan d’action pour relancer le secteur et favoriser la protection de la biodiversité au niveau local.

Le strombe géant est une espèce inscrite à l’Annexe II de la CITES, ce qui signifie que son commerce doit faite l’objet une réglementation compatible avec une utilisation légale, traçable et durable. La valeur du commerce mondial de ce mollusque ou coquillage était estimée à 74 millions d’USD en 2017, et elle ne cesse de croître.

Face à une demande mondiale en très forte croissance, le projet estime que les petits producteurs côtiers des Caraïbes orientales ne profitent pas pleinement de tout l’éventail de possibilités offertes par le commerce durable du strombe géant.

Ivonne Higuero, Secrétaire générale de la CITES, a déclaré que, face à l’inquiétude grandissante à l’échelle mondiale quant à la relation entre l’homme et la nature, ce projet permettrait de « promouvoir la viabilité à long terme de l’utilisation et du commerce du strombe géant, ainsi que le bien-être des communautés locales qui dépendent de la pêche pour assurer leur subsistance. »

Dans de nombreux endroits, le prélèvement précoce et non contrôlé de spécimens de strombes géants a entraîné une surpêche, des débarquements illégaux et une détérioration rapide des stocks, ce qui explique pourquoi l’espèce est inscrite à l’Annexe II de la CITES depuis 1992. Cette annexe comprend des espèces qui ne sont pas forcément menacées d’extinction, mais dont il convient de contrôler le commerce international pour éviter une exploitation incompatible avec leur survie.

S’agissant de la chaîne de valeur de l’espèce, l’absence de systèmes de traçabilité et la faible quantité de données sur les débarquements et le commerce figurent parmi les principaux problèmes liés à l’offre. Tout aussi préoccupants sont la méconnaissance et l’application limitée des dispositions et des procédures de la CITES, par exemple en ce qui concerne la délivrance de permis et de certificats, l’absence de normes sanitaires et de pratiques communes en matière de manipulation des spécimens, ou encore le fait qu’il n’existe aucune organisation officielle représentant les intérêts des pêcheurs.

La CNUCED, l’OECO et la CITES se sont associées pour recenser et hiérarchiser ces préoccupations et tenter d’y répondre. La réunion qui se tiendra cette semaine à Saint-Vincent-et-les-Grenadines rassemblera toutes les parties intéressées et permettra de convenir des plans nécessaires pour encourager un commerce durable au titre du projet Blue Biotrade.