L’ICCWC considère que les « espèces sauvages » comprennent l’ensemble de la faune et de la flore sauvages, dont les mammifères, les oiseaux et les poissons, ainsi que le bois et les produits forestiers autres que le bois. La « criminalité liée aux espèces sauvages » désigne le prélèvement, le commerce (fourniture, vente ou trafic), l’importation, l’exportation, la transformation, la possession, l’obtention et la consommation de faune et de flore sauvages, y compris de bois et d’autres produits forestiers, en violation du droit national ou international.
La criminalité liée aux espèces sauvages est grave
Le monde est confronté à la criminalité liée aux espèces sauvages depuis des décennies, mais, ces dernières années, l’ampleur et la nature de cette activité illégale ont changé. Elle est devenue une grave menace pour la sécurité, la stabilité politique, l’économie, les ressources naturelles et le patrimoine culturel de nombreux pays et régions. Elle menace la survie de certaines espèces parmi les plus emblématiques de la planète, et de nombreuses espèces moins connues. Le trafic des espèces sauvages peut détruire les ressources naturelles dont dépendent les économies nationales et les moyens d’existence des communautés. Il compromet les actions de conservation ainsi que les initiatives visant à éliminer la pauvreté et à développer des perspectives économiques durables pour les communautés rurales.
L’adoption de plusieurs résolutions et déclarations, dans différents forums et au plus haut niveau, reflète le degré élevé de préoccupation politique vis-à-vis des effets dévastateurs du braconnage et du commerce illégal des espèces sauvages. Il s’agit par exemple des résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies adoptées en 2015, 2017 et 2019, qui soulignent la gravité de ce problème, l’implication de groupes criminels organisés et la nécessité de déployer des efforts coordonnés et déterminés pour lutter efficacement contre le trafic des espèces sauvages. En outre, les Objectifs de développement durable (ODD), adoptés par le Sommet des Nations Unies sur le développement durable en septembre 2015, appellent à la protection de la faune et de la flore sauvages ainsi qu’à celle des écosystèmes dont dépendent ces espèces, et traitent de la lutte contre le trafic illégal des espèces sauvages dans des cibles spécifiques de l’Objectif 15 « Vie terrestre ».
L’implication accrue des groupes criminels organisés a changé la dynamique nécessaire pour combattre la criminalité liée aux espèces sauvages. Par conséquent, les autorités chargées de la lutte contre la fraude dans le monde entier sont confrontées à une tâche de plus en plus difficile et complexe lorsqu’elles cherchent à intensifier leur action contre cette criminalité. Les activités de ces groupes criminels organisés dépassent les frontières nationales et les continents, et la fraude, la contrefaçon, le blanchiment d’argent, la violence et la corruption sont souvent étroitement liés aux diverses formes de criminalité liée aux espèces sauvages. Pour plus de détails, cliquer ici.
Quels sont les défis à relever pour une lutte efficace contre la fraude?
Les agences nationales de lutte contre la fraude liée aux espèces sauvages sont confrontées à de nombreux défis pour faire face à la nature de plus en plus complexe de la criminalité liée aux espèces sauvages. Ces défis sont les suivants : les mauvaises gouvernances ; les législations inadéquates ; le manque d’équipement ; les possibilités de formation limitées ; les difficultés d’accès aux outils modernes de lutte contre la fraude tels que le soutien scientifique en matière d’analyse et de criminalistique ; le manque de capacités de collecte de renseignements et de pratiques de gestion des risques ; et le manque de sensibilisation des procureurs et du système judiciaire sur la gravité de la criminalité liée aux espèces sauvages. Les techniques d’enquête spéciales, telles que celles utilisées par les Cellules de renseignement financier (CRF), sont souvent sous-utilisées dans les enquêtes sur cette criminalité. Il est courant que les agents chargés de l’application des lois sur les espèces sauvages ne soient pas à égalité avec leurs homologues des services des douanes et de police, et qu’en raison de la nature diversifiée de la criminalité liée aux espèces sauvages, ils soient mal préparés à relever efficacement les défis qu’elle présente
Une application mal ciblée et mal orientée des législations sur les espèces sauvages peut faire peser un lourd fardeau sur les populations rurales et les communautés locales. Cela peut involontairement affaiblir le soutien indispensable à la lutte contre la fraude et détourner des ressources essentielles des secteurs où elles sont le plus nécessaires. Comme pour les autres formes de criminalité, la lutte contre la fraude liée aux espèces sauvages doit être menée conformément aux exigences nationales en matière de régularité des procédures et dans le respect des droits humains, de la sécurité publique et des droits des accusés.